La musique classique de l’Inde, comme ses dieux et ses déesses, a connue plusieurs incarnations. On en retrace l’origine au Sama Véda, compilation de texte anciens qui donne les règles de la récitations liturgiques, mon maître de sitar retraçait encore ses origines à ce Véda de par son nom. C’était il y a très longtemps. Aujourd’hui dans son énième incarnation cette musique s’est émancipée du contexte religieux, et aussi de celui de la cour, pour devenir une musique d’art séculaire à part entière, mais le son nous rappelle encore comme le souvenir oublié d’une liaison brisée, et conséquemment on pourrait quasiment parler d’elle comme d’une religion du son pour réactiver le « souvenir des cieux ».

J’ai beau m’aventurer dans des contrées intéressantes, parmi des tribus musicales pleines de talent et des musiciens ‘autrement’ connaisseurs, je reviens toujours vers ce sanctuaire inviolable où nous ramène cette musique archétypale, quintessence de la musique modale. La musique indienne a effectivement réussie un syncrétisme culturel et historique là où  les religions ont échoués, car en effet elle marie de nombreuses cultures de plusieurs peuples qui se sont brassés et battus pendant des centaines et des centaines d’années pour finalement se réconcilier et se mettre d’accord sur au moins une chose ; la musique, et cette musique c’est la musique classique indienne.